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Accompagnement des start-ups Episode 1 – Comment les structures d’accompagnement de start-ups permettent de créer de la valeur ?

ACCOMPAGNEMENT DES START-UPS

Retrouvez l’épisode 2 :
Les structures d’accompagnement en quête d’un nouveau rôle et de nouveaux modèles

Retrouvez l’épisode 3 :
Comment l’écosystème d’innovation marocain se construit-il ?

 

EN SYNTHESE

Le rythme effréné de l’innovation, le risque de disruption, la volatilité des clients et la pénurie des talents sont autant de facteurs qui doivent pousser les grands groupes à innover non seulement rapidement, mais surtout efficacement. Cet impératif passe notamment par un rapprochement entre grandes entreprises et start-ups.

Néanmoins, il ne suffit pas de vouloir accompagner des start-ups pour que la collaboration fonctionne ! Si l’innovation constitue clairement une passerelle solide qui relie le monde des grands groupes et celui des jeunes entreprises, elle peut être fragilisée en raison d’objectifs stratégiques et modes de fonctionnement structurellement différents.

Notre cartographie des structures d’accompagnement en France permet de comprendre les principales tendances de l’écosystème d’innovation sur le territoire français, ainsi que les leviers de performance d’une démarche d’accompagnement de start-ups :

A. Les grands groupes français sont activement engagés dans l’accompagnement de start-ups. C’est le cas de 90% des entreprises du CAC 40, qui ont créé leur propre structure, participent à des dispositifs multi-entreprises, ou se sont associées à une structure existante.

B. Initialement centrée autour de la région parisienne, l’innovation française se développe très rapidement en région, les grandes métropoles abritant de plus en plus de structures d’accompagnement.

C. La tendance est à des structures spécialisées dans le ou les secteurs d’activité du donneur d’ordre : c’est un facteur de différenciation et de performance, et cela permet au grand groupe d’injecter plus facilement la valeur créée dans sa propre activité.

D. Cinq axes de réflexion permettent de définir le format d’accompagnement le plus adapté aux objectifs stratégiques du grand groupe : niveau de maturité des start-ups et, en matière de solutions offertes, hébergement, moyens techniques, moyens humains, moyens financiers.

E. Un tiers expert est indispensable pour mettre en œuvre la stratégie d’accompagnement, mais aussi sa gouvernance. Il s’agit en effet de fluidifier la coopération et maximiser la création de valeur entre des acteurs aux cultures extrêmement différentes !

 

INTRODUCTION

Mariage d’amour ou de raison, l’union des grands groupes avec de jeunes pousses est aujourd’hui incontournable pour sécuriser des leviers de croissance dans un monde en mutation constante.

Mais comment s’y retrouver parmi la multitude de formats d’accompagnement possibles ? De l’incubateur à l’accélérateur, en passant par les espaces de coworking, pépinières d’entreprises, fablabs et corporate venture capital, sur quels critères un groupe doit-il choisir la bonne structure d’accompagnement pour répondre à ses objectifs stratégiques ? Faut-il se spécialiser dans son propre domaine d’activité ou rester généraliste, prêt à capter la valeur, d’où qu’elle provienne ?

Accuracy a réalisé une cartographie des structures d’accompagnement françaises, afin de vous donner les clés nécessaires à une bonne compréhension des écosystèmes en place. Cette vision vous permettra de choisir avec discernement le tiers de confiance qui mettra son expertise à disposition pour vous accompagner dans une démarche qui soit réellement productive et rentable pour votre organisation.

 

1. L’INNOVATION FAIT SA REVOLUTION !

COMMENT EN TIRER PROFIT POUR CREER DE LA VALEUR ?

A. De l’absorption à l’accompagnement

Dans un environnement toujours plus incertain, l’innovation ne se cantonne plus aux investissements de R&D en interne, à la gestion de portefeuilles de brevets et à l’intégration de technologies issues de la sous-traitance. Elle est désormais intimement liée à la prise de risque, à travers l’investissement dans des projets audacieux : pour rester dans la course, il s’agit de miser sur un (plus ou moins jeune) entrepreneur disruptif.

La plupart des grandes entreprises ont d’abord adopté une stratégie d’absorption, parfois agressive et déstabilisante pour les entrepreneurs, et souvent inefficace du point de vue de l’innovation. Les échecs et l’apparition de nouveaux outils d’open innovation ont cependant impulsé de nouvelles pratiques. Aujourd’hui, 90% des grands groupes privilégient le rapprochement avec des structures d’accompagnement de start-ups, soit en créant la leur, soit à travers une gestion partagée ou déléguée.

 

Gestion des structures d’accompagnement dans lesquelles investissent les entreprises du CAC 40

Par exemple, le groupe Vinci a créé une structure en propre, baptisée « Léonard » qui permet entre autres de stimuler l’intrapreneuriat. Le lieu est à la fois incubateur de start-ups, espace de coworking et point de rencontre des acteurs de la transformation des villes et des territoires. Quant à Airbus, il a signé un partenariat avec l’incubateur Centrale Audencia ENSA Nantes. Outre les services offerts par l’incubateur lui-même, les collaborateurs ont accès à un espace dédié (showroom technique et espace de coworking) pouvant héberger leurs projets intrapreneuriaux.

D’autres entreprises ont préféré solliciter un tiers expert pour mettre en place l’accompagnement. Par exemple, AstraZeneca a sollicité un pure player, Interfaces, pour créer, puis gérer, son programme « Realize » qui vise à innover en matière de parcours patient, de data management et d’innovation scientifique dans le domaine de l’oncologie.

 

B. Un maillage territorial de plus en plus équilibré

Paris et le désert français ? Pas si sûr… Sans surprise, la capitale est le centre névralgique de l’innovation française : elle héberge 26% des structures existantes, dont les plus performantes et les plus médiatisées. Mais les autres régions de l’Hexagone ne sont pas en reste. Les grandes métropoles de régions se donnent les moyens de peser elles aussi dans la course à l’innovation.

L’écosystème français montre en effet un maillage de plus en plus complet des structures d’accompagnement. Plus de 700 communes en hébergent au moins une, et toutes les régions voient leur nombre de structures augmenter.

 

Répartition des structures d’accompagnement en France

Notre analyse chiffrée permet de dresser un état des lieux et de prévoir la dynamique à venir de chaque région. L’Ile-de-France affiche un écosystème d’accompagnement de l’innovation déjà relativement mature, tandis que les autres régions, même déjà bien développées comme celles autour de Bordeaux et Toulouse, continuent de montrer de fortes perspectives de croissance.

En somme, l’écosystème hexagonal de l’innovation se calque assez logiquement sur le dynamisme économique des différents territoires, et semble former une Sun Belt à la française, qui partirait de Rennes jusqu’à la région niçoise, en passant par Bordeaux, Toulouse et Montpellier.

 

C. Des écosystèmes d’innovation de plus en plus spécialisés par secteur

Dans cette régionalisation de l’innovation, certains territoires ont choisi de s’appuyer sur leur histoire économique pour créer des filières spécialisées d’un point de vue sectoriel. Généraliste ou spécialiste ? La plupart des grands groupes ont eux aussi eu cet arbitrage à faire. Pas de figure imposée, chacun a adopté la stratégie qui lui paraissait la plus pertinente en fonction de ses impératifs stratégiques et économiques.

Cependant, le fait est que la spécialisation gagne du terrain. Les plateformes thématiques occupent désormais une part importante des structures d’accompagnement en France. D’une part parce que la valeur ajoutée de l’accompagnement peut s’en trouver décuplée, et d’autre part parce que l’entreprise recherche généralement des retombées dans son domaine d’activité. Par ailleurs, la spécialisation est une manière de faire face à la concurrence induite par l’augmentation du nombre de structures d’accompagnement, ces dernières années.

L’évolution du secteur bancaire illustre parfaitement cette mutation. Depuis 2014, les « Village by CA » du Crédit Agricole ont essaimé un peu partout en France – en ligne avec la présence de ses caisses régionales, et indépendamment du secteur d’application – dans l’objectif de soutenir les entrepreneurs avec de l’accompagnement, un réseau de partenaires et du mentoring des collaborateurs de la banque afin qu’ils deviennent un jour des fournisseurs ou des clients. Toutes les autres grandes banques ont suivi cette démarche d’open innovation et décidé de créer leur structure d’accompagnement. Par exemple, « Plateforme 58 » par la Banque Postale, est active dans la banque et l’assurance ainsi que les technologies financières, mais aussi la santé, l’éducation et les services. Quant à BNP Paribas, avec son programme d’accélération « Bivwak! » (en plus de « WAI »), HSBC et son « Lab innovation » ou Société Générale avec « Swave », elles se concentrent sur des innovations applicables aux métiers de la banque, accompagnant fintechs et assurtechs.

Dans cette tendance à la spécialisation, certains secteurs semblent plus attractifs que d’autres. Le graphique ci-après montre les domaines qui sont sur-représentés dans l’écosystème d’innovation par rapport à leur taille de marché. Les secteurs Agritech, Fintech, Greentech, Biotech, comme les secteurs médias et artistiques, ont beaucoup investit dans l’innovation et devraient récolter le fruit de leurs efforts d’investissement d’ici quelques années par une augmentation de leurs chiffres d’affaires. D’autres ne sont pas à leur plein potentiel et devraient voir leur investissement augmenter comme les secteurs ConTech, PropTech, EdTech, Aéronautique & spatiale ou la mobilité et logistiques urbaines, et vont ainsi tirer l’innovation des prochaines années. D’où l’intérêt de se positionner dès maintenant pour sécuriser la création de valeur de demain !

 

Structures d’accompagnement spécialisées vs CA par secteurs d’activité INSEE

2. COMMENT CHOISIR SON FORMAT D’ACCOMPAGNEMENT DE START-UPS, ET MAXIMISER LE RETOUR SUR INVESTISSEMENT ?

A. Quel type de structure pour quels objectifs stratégiques ?

Si 90% des entreprises du CAC40 ont fait le choix d’investir dans au moins une structure d’accompagnement de start-ups, le format retenu n’est pas toujours adapté pour atteindre leurs objectifs stratégiques.

Il existe de nombreux types de structures d’accompagnement. Les services proposés sont variés et vont du simple hébergement, à la mise à disposition de machines-outils pour le prototypage, l’accès à du mentorat ou des programmes d’accélération sur-mesure, mais également l’organisation d’événements networking, ainsi que l’aide au financement. Comment déterminer le format le plus adapté au besoin et aux objectifs stratégiques d’un grand groupe ?

Bien évidemment, il faut commencer par clarifier ces objectifs, qui sous-tendent la logique d’investissement du donneur d’ordre. L’ambition est-elle d’obtenir un retour sur investissement rapide ? De participer à l’aménagement d’un territoire afin de le dynamiser ? De mener une veille technologique afin d’intégrer le plus rapidement possible la technologie développée par la start-up ? De répondre à des enjeux de ressources humaines à travers l’intrapreneuriat, le recrutement de nouveaux talents, la marque employeur ou la diffusion de nouveaux modes de travail ?

Ces objectifs vont permettre de définir le type de start-up visé (notamment en matière de maturité) ainsi que les besoins associés (hébergement, moyens techniques, moyens humains, moyens financiers). C’est donc la pondération relative de ces cinq éléments qui dessinera la structure d’accompagnement la plus pertinente, au regard à la fois des priorités stratégiques du grand groupe et des besoins réels de la start-up.

La cartographie ci-après présente en effet les différents écosystèmes d’accompagnement qui existent dans le paysage français, en fonction du poids relatif de chacun de ces cinq critères.

 

Cartographie des principales structures d’accompagnement

Par exemple, les incubateurs visant essentiellement des objectifs de communication, d’enjeux RH et de captation technologique, l’offre associée comprend surtout de l’hébergement et des moyens humains (coaching, mentorat, conseil…) et s’adresse plutôt à des jeunes pousses. Autre exemple, les fablabs ont moins l’ambition de s’orienter vers la communication et davantage vers le développement des talents, la captation technologique et l’aménagement du territoire, c’est pourquoi on y retrouve des projets plus matures (souvent en phase de prototypage), auxquels le donneur d’ordre fournit des moyens techniques importants.

 

B. L’épineuse question de la gouvernance : un tiers de confiance pour pérenniser les alliances

Une fois la structure identifiée et pensée, la différence – comme souvent – réside dans l’exécution.

Tout d’abord, pour attirer les startups les plus prometteuses, les groupes doivent s’assurer d’apporter une promesse différenciante. C’est ainsi que Unibail-Rodamco-Westfield leur offre la possibilité de tester leurs innovations et business models dans ses centres commerciaux, tandis que la communication très active autour du dispositif EDF Pulse offre une forte notoriété !

Ensuite, l’accompagnement de start-ups est un projet d’investissement comme un autre et, à ce titre, requiert un suivi rigoureux d’indicateurs préalablement définis. Ce pilotage de la performance, qu’il s’agisse de partenariats stratégiques, de prises de participations ou de programmes d’accompagnement, pose la délicate question du degré d’indépendance nécessaire à l’innovation. Comment mettre en place une gouvernance qui permette d’accompagner sans étouffer ? Adaptation des processus internes pour ne pas entraver le développement de la start-up par trop de rigidité, implication du top management pour renforcer la légitimité du programme en interne, communication régulière mais non intrusive… Autant de facteurs de succès dont la mise en œuvre peut nécessiter la présence d’un tiers de confiance.

Cet expert peut contribuer à construire sur-mesure le programme d’accompagnement, et à le superviser une fois mis en place, notamment dans le cas de structures multi-entreprises telles que « Plant 4.0 », qui rassemble Total, Vinci Energies, Solvay, Eiffage, Orano et Air Liquide.

 

Ce tiers de confiance doit comprendre les avantages et inconvénients de chaque type de structure afin de créer, sur-mesure, celle qui réponde effectivement à vos enjeux stratégiques d’innovation. Mais surtout, il doit être un véritable pont entre le grand groupe et la start-up accompagnée : en effet, ces acteurs ont chacun des objectifs stratégiques différents, qui convergent cependant sur le terrain de l’innovation. Accuracy intervient alors pour orchestrer, coordonner et optimiser leur coopération dans cet « espace commun ».

 


1 Rapport entre le nombre de structures d’accompagnement existantes dans la région et l’ensemble des structures existantes en France.
2 Rapport entre le nombre de projets d’ouvertures de structures d’accompagnement et les structures d’accompagnement déjà existante (au sein de la région).
3 Part du chiffre d’affaires INSEE par branche sur le chiffre d’affaires total 2016 français.
4 Nombre de structures d’accompagnement par spécialisation sur le total des structures d’accompagnement.

 

Sources :
– Base de données propriétaire Accuracy – décembre 2019
– Etude David avec Goliath, L’alliance des jeunes et des grandes entreprises – 2018