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Football Episode 2 – L’inexorable concentration du football européen

​​Third author:
Franck Bancel (Academic Advisor)

 

Le football européen repose sur une organisation pyramidale. A la base se trouvent les clubs amateurs de chaque pays, et au sommet, les clubs de première division. Cette représentation dominante repose sur l’idée qu’il existe une certaine « porosité » entre football amateur et football professionnel. Même si cela doit rester un exploit, une équipe de football amateur est supposée pouvoir battre n’importe quel club professionnel, notamment lors des coupes nationales organisées dans les différents pays d’Europe.

Cette structure pyramidale s’oppose au concept de ligue fermée qui caractérise le sport professionnel en Amérique du Nord (NBA, NFL, etc.). Par définition, les équipes engagées dans une ligue fermée ne sont pas concernées par une quelconque relégation en division inférieure. L’organisation des ligues fermées nord-américaines repose sur un ensemble de dispositifs de régulation qui visent à assurer l’équité sportive entre les clubs. A la fin de chaque saison, les meilleurs joueurs universitaires sont ainsi répartis entre les équipes professionnelles par un tirage au sort qui favorise les équipes les moins bien classées (‘draft’).

 

 

1. LA LIGUE DES CHAMPIONS, A PREMIERE VUE, OUVERTE…

Les instances européennes du football militent pour le maintien d’un système de ligue ouverte. Ce discours masque cependant une réalité bien différente. Le football professionnel se caractérise aujourd’hui par une concentration des moyens financiers dans un nombre limité de clubs. Ces grands clubs ne sont plus en compétition qu’entre eux, comme c’est le cas dans une ligue fermée.

L’UEFA a pourtant instauré le « fair-play » financier en 2010, mais sans réguler directement les conditions de l’équité sportive. Les grands clubs européens peuvent racheter les joueurs les plus talentueux, entretenir des effectifs pléthoriques, et ils disposent de tous les moyens pour s’assurer une domination sans partage sur le plan sportif.

La Ligue des champions, qui est la plus prestigieuse des compétitions de football en Europe, en est une parfaite illustration. A priori, toutes les équipes engagées en Ligue des champions sont supposées pouvoir la gagner. Cependant, quand on regarde ce qui s’est passé depuis vingt ans, on se rend compte que ce n’est pas la glorieuse incertitude du sport qui domine, mais, au contraire, un renforcement significatif de la place de certains pays et de certains clubs.

 

2. MOINS DE PLACE POUR LES PETITES NATIONS

Selon une étude Accur’League, entre 1995 et 2001, 25 % des quarts de finalistes de la Ligue des champions ne faisaient pas partie des clubs des cinq grands championnats (Allemagne, Angleterre, Espagne, France et Italie). Depuis 2002, ce pourcentage moyen n’est plus que de 13 %.

Au niveau des demi-finales, la présence d’un club d’un « petit » pays relève désormais de l’anomalie statistique (depuis 2005, seul le PSV Eindhoven a atteint ce stade de la compétition). Les moyens financiers nécessaires pour être compétitif en Ligue des champions sont hors de portée de la plupart des clubs. Ainsi, si l’on observe le chiffre d’affaires des clubs ayant participé à la compétition sur les dix dernières éditions, on constate qu’il s’établissait en moyenne à 248 millions d’euros pour les huitièmes de finale, 348 millions d’euros pour les demi-finales et 379 millions euros pour le vainqueur.

A partir de 2018, les quatre pays les mieux classés à l’indice UEFA (Espagne, Royaume-Uni, Allemagne et Italie) bénéficieront automatiquement de quatre engagés. Cette réforme diminuera encore les risques de non-participation pour les clubs de ces quatre pays qui pourront procéder à des investissements toujours plus importants.

 

3. CONCLUSION

La Ligue des champions s’apparente déjà à une ligue fermée et cette tendance devrait encore se renforcer dans les prochaines années.


Article des Echos – 05/08/2017