“[…] Dans un monde ouvert, numérique et mondialisé, être capable de réaliser des échanges pair à pair éloignés n’était pas possible jusqu’ici. Pour Martin Della Chiesa, manager chez Accuracy, cette technologie blockchain est une révolution qui a un potentiel économique immense.
[…] Repartons de la théorie économique sous-jacente au concept du bitcoin : les idées sont très inspirées de l’école autrichienne dans laquelle la monnaie, pour représenter une réserve de valeur crédible, doit avoir un coût de production important ou, a minima, ne pas dépendre de la volonté unilatérale d’un tiers central. Et, justement, la politique monétaire expansionniste peut être vue comme allant à l’encontre de cette idée, les banques centrales fabriquant de la monnaie pour un coût quasiment nul. Pour ces économistes, le système actuel souffre d’un problème de confiance, puisque nous nous en remettons à une autorité tierce (la banque centrale), en capacité de créer de la monnaie comme elle l’entend, et donc de diluer notre richesse et d’éroder la qualité de réserve de valeur de la monnaie. C’est le point de départ du bitcoin, où la production de monnaie numérique est par construction coûteuse en calcul et où la trajectoire d’offre est connue de tous dès le démarrage (limitée à 21 millions de bitcoins).
Dans l’histoire du commerce, que ce soit à l’époque des Sumériens, des marchands vénitiens ou au XXème siècle, la confiance a toujours été déléguée à des tiers, devant naturellement – pour exister – représenter une forme d’autorité liée à leur taille ou à leur statut. Il existe donc un coût économique (et social) de la confiance centralisée. La question principale, à mon avis, est de savoir si la confiance distribuée est plus compétitive économiquement et socialement que la confiance centralisée.
[…] Avec cette technologie, on transforme la confiance qualitative que l’on accorde à une personne ou à un tiers en une confiance quantitative en un système.
En tant qu’Européens, nous avons plutôt confiance dans le système bancaire; nous avons une confiance relative dans l’euro; nous sommes assurés que le billet que nous avons en poche nous permettra de payer un taxi. Mais, au Venezuela, au Zimbabwe ou dans d’autres pays victimes de difficultés monétaires, la réalité est tout autre. Plus la confiance vis-à-vis du tiers central est érodée, plus la confiance relative en un système décentralisé est importante. Et le cas du bitcoin, qui fonctionne depuis plus de dix ans presque sans accroc, devrait nous rassurer sur cette confiance.”