EN SYNTHESE
Les électeurs britanniques se sont prononcés il y a désormais plus de trois ans, en juin 2016, en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Depuis, les responsables politiques européens et britanniques cherchent, non sans difficultés, le chemin qui permettra de respecter le suffrage populaire tout en préservant les économies et sociétés des deux partenaires. Ces difficultés s’expliquent par le fort degré d’intégration de deux économies, après plusieurs décennies d’approfondissement du marché intérieur européen.
Il est possible d’analyser les liens économiques qui unissent les deux partenaires à travers quatre dimensions, qui correspondent aux quatre libertés garanties par l’appartenance au marché unique européen : la libre circulation des biens, services, personnes et capitaux. L’Accuracy Brexit Index combine ces quatre dimensions en un unique indice agrégé, dont l’évolution permet de suivre dans le temps le processus d’intégration/désintégration des économies britanniques et européennes.
Sur cette base, cinq grandes tendances se dégagent :
– Alors que le Brexit n’est encore qu’un état futur vers lequel se dirige le Royaume-Uni, les relations avec l’Union européenne, telles que mesurées par l’Accuracy Brexit Index, se sont d’ores et déjà dégradées de 12% ;
– Le vote de 2016, par le contexte d’incertitude qu’il a provoqué, a pesé sur le degré d’intégration des deux économies, affectant principalement les flux d’investissement (baisse de l’indice de 13%) et migratoires (baisse de l’indice de 25%) ;
– L’analyse détaillée des différents types de flux met en exergue deux dynamiques distinctes. D’une part, les flux de capitaux et de personnes sont principalement déterminés par les anticipations des agents et le niveau de prévisibilité de la politique économique : l’impact psychologique du référendum de 2016 et le contexte d’incertitude s’est déjà traduit par une baisse des échanges. D’autre part, les flux de biens et services reposent sur des arbitrages coûts à plus court terme : l’absence de modification des conditions d’échange avant la date effective du Brexit a permis de maintenir à ce stade une certaine résilience des relations commerciales ;
– On observe d’ores et déjà un rééquilibrage des flux migratoires vers le Royaume-Uni, la population asiatique se substituant aux flux en provenance de l’Union européenne. Cette tendance devrait se poursuivre à long terme. Cela s’explique par le fort besoin de main d’œuvre de certains secteurs de l’économie britannique. La promesse des Brexiters de diminuer l’immigration européenne a donc été tenue avant même l’entrée en vigueur du Brexit. Toutefois, les migrants européens ont été remplacés par des migrants asiatiques, si bien que le nombre total de migrants entrant au Royaume-Uni est resté relativement stable ;
– Il est probable d’assister à long terme, une fois le Brexit effectif, à une inversion des effets constatés à court terme dans le sillage du référendum de 2016 : les échanges de biens et services devraient structurellement se réduire, alors que la dissipation de l’incertitude entourant les conditions de sortie pourrait relâcher la contrainte sur les investissements. Ces derniers ne retrouveront cependant probablement pas leur dynamique pré-Brexit. Les flux migratoires en provenance de l’Union dépendront quant à eux des nouvelles conditions d’entrée, et ne retrouveront vraisemblablement pas leurs niveaux historiques.